La problématique sur la compréhension du projet de constitution en cours au Gabon continue d’alimenter les débats avant même l’adoption de la mouture finale, notamment l’article 53 portant conditions d’éligibilité à la présidence de la République. Dans cet article, le candidat devra être nés de père et de mère, eux-mêmes nés gabonais, avoir la nationalité Gabonaise. Et avoir résidé au Gabon pendant au moins 3 ans sans discontinuité pour ne citer que ces quelques éléments…
Pour le haut dignitaire de la République, Jean Pierre Oyiba, ce débat n’a pas sa raison d’être. Dans sa tribune libre publiée au quotidien ‘’l’Union’’ du jour, ce dernier démontre avec maestria; la vacuité du débat entretenue par les partisans du »NON » au référendum avenir sur les dispositions contenues dans l’article 53 du projet de la nouvelle constitution Gabonaise.
Selon lui, Le principal argument développé par les partisans du “NON” au vote référendaire consiste à dénoncer le caractère sectaire et exclusif des dispositions de cet article.
Ils soutiennent que le Gabon abrite une population métissée depuis plus d’un demi-siècle et que l’adoption et l’application des dispositions indiquées supra, va introduire une discrimination entre les gabonais en créant les gabonais de première zone et ceux de seconde zone.
Ils évoquent la violation du Titre I du projet de constitution.
Ces éléments de langage, certes alléchants pour le vote du “NON” semblent occulter le contexte et de l’histoire récente de notre pays. Or, la constitution est faite par les hommes et pour les hommes vivant dans une société disposant d’une histoire et d’un destin commun.
De par la lecture des évènements récents, on a vu l’ancien régime faire la part belle aux étrangers/ ou aux gabonais d’adoption au détriment des gabonais de souche.
Aussi, contrairement à ce que l’on fait croire sur les réseaux sociaux et dans les médias, les dispositions de l’article 53 sont soutenues par la majorité des Gabonais. De plus, pour cet article, ne sont concernés que ceux qui sont candidats à la magistrature suprême et non aux autres mandats électifs.
Sur un échantillon de 179 pays, la majorité soit près de 80% montre une variété de critères d’éligibilité pour devenir président de la république avec des exigences courantes liées à la nationalité, à l’âge, à la résidence, et parfois à des critères religieux, linguistiques ou judiciaires.
Voici la liste de quelques pays aux restrictions variées selon les traditions politiques et les circonstances historiques.
1-Etats-Unis
Seuls les citoyens nés aux Etats-Unis peuvent être candidats à la présidence, ou ceux nés des parents citoyens américains.
Le candidat doit avoir au moins 35 ans et avoir résidé aux Etats-Unis pendant au moins 14 ans.
2-France
Le candidat doit être citoyen français, doit avoir au moins 18 ans et n’avoir pas été privé de ses droits civiques par la justice.
3-Côte d’Ivoire
Le candidat doit être exclusivement Ivoirien né de parents tous Ivoiriens. Il doit avoir au moins 35 ans et ne doit pas avoir été privé de ses droits civiques.
4-Egypte
Le candidat doit être de nationalité Egyptienne, né de parents égyptiens et ni lui ni ses parents ne doivent avoir une autre nationalité, il est tenu d’avoir au moins quarante ans et avoir résidé en Egypte pendant dix ans avant l’élection.
5-Tunisie:
Le candidat doit être citoyen Tunisien de naissance et ses parents doivent également être nés en Tunisie, il doit être de confession musulmane, avoir au moins 35 ans et ne doit pas avoir de casier judiciaire pour des crimes graves.
6-Zambie
Le candidat doit être citoyen Zambien de naissance et ses parents doivent aussi être Zambiens de naissance. Il doit avoir 35 ans au moins et avoir résidé pendant au moins 20 ans en Zambie. Il doit disposer d’un casier judiciaire vierge. En outre, il doit être chrétien.
7-Kazakhstan
Le candidat doit être Kazakh de naissance. Il doit avoir au moins 40 ans et vécu au Kazakhstan pendant au moins 15 ans. Le candidat doit parler couramment la langue Kazakhe.
- Kénya
Le candidat doit être citoyen Kényan de naissance, être âgé d’au moins 35 ans. Il ne doit pas avoir été condamné pour des crimes graves ou de corruption. Le candidat doit avoir un diplôme universitaire.
- Algérie
Le candidat doit être citoyen algérien de naissance et ses deux parents doivent être également de nationalité algérienne. Il doit avoir au moins 40 ans, être musulman, avoir résidé en Algérie pendant au moins 10 ans avant l’élection, et n’avoir pas été condamné pour des crimes graves.
- République Démocratique du Congo
Le candidat doit être citoyen congolais de naissance et ses parents doivent également être congolais de naissance. Il doit avoir au moins 30 ans et avoir résidé en RDC pendant au moins 5 ans avant l’élection. Le candidat ne doit pas avoir été condamné pour des crimes graves.
Et la liste n’est pas exhaustive. Donc, le Gabon n’est pas le seul pays au monde à restreindre les conditions d’éligibilité à la présidence de la République.
Rufin Martial Oke Nze