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Crise politique en France: Emmanuel Macron sur des charbons ardents par Fidel Biteghe

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La France se trouve frappée par une crise sociale, sans précédent, à la suite de la destitution du Premier Ministre François Bayrou, par un vote de défiance de l’Assemblée nationale, et la nomination d’un nouveau Chef de gouvernement, en la personne de Sébastien Lecornu, précédemment ministre des Armées.

Le point d’orgue des manifestations enregistrées dans plusieurs localités du pays, durant la journée de mercredi, 11 août 2025, lendemain de ce changement, ont eu pour point d’orgue, les appels à la démission du président Emmanuel Macron, qui se défait, pour la 4e fois, d’un Premier ministre en deux ans et dont le deuxième mandat est marqué par l’instabilité politique, après avoir affronté durant son premier magistère le mouvement des « gilets jaunes ».

François Bayrou, 74 ans, a été confronté, durant ses neuf mois de fonctions, à l’incapacité d’amener la sérénité et la confiance au sein du Parlement français, avec l’impossibilité de faire voter la loi de finances.

Le gouvernement minoritaire du Premier ministre sortant avait appelé à 44 milliards d’euros, l’équivalent de 28 864 000 000 000 de FCFA de coupes budgétaires pour lutter contre la dette publique croissante de la France. Face au blocage, il a demandé un vote de confiance à l’Assemblée nationale, qui a simplement rejeté sa démarche et acté destitution de son gouvernement, la majorité des députés ayant voté contre, les Français refusant de faire plus d’efforts pour soulager le train de vie de leur Etat.

Construire les accords

Nommé Premier Ministre, le lendemain, Sébastien Lecornu, 39 ans, proche du couple présidentiel, a reçu la mission de dialoguer avec les partis politiques représentés au Parlement, ceux du centre, pour construire les accords nécessaires à l’adoption du budget et à la stabilité institutionnelle.

Dès le lever du jour, ce 11 septembre, la France a été assaillie d’une vague de contestations, avec des marches, des barrages des rues et l’incendie de certains bâtiments. On estimait à près de 200 milles personnes, les manifestants, sur l’ensemble du territoire. La police a procédé à de nombreuses interpellations. Sur les banderoles, on pouvait lire « Bloquons tout » …

Même, le nouveau choix du président français est contesté. Robert Ménard, maire de la ville de Bézier, a ainsi déclaré : « Je suis sidéré. Le chef de l’Etat, il y a 85% des Français qui ne le supportent plus et il nomme qui ? Son plus proche. Personne n’est plus proche de lui que Monsieur Lecornu ». Et d’ajouter : « C’est un bras d’honneur aux Français ! On te dit : on en a marre de toi et qui tu nommes ? Ton meilleur pote ? Ça n’existe pas… ». Une autre voix s’est écriée : « C’est un non-respect pour les Français, qui ne sont pas respectés sur le plan social, qui ne sont pas respectés sur le plan de l’environnement et qui, maintenant, ne sont pas respectés sur le plan démocratique. »

Malgré cette vague de critiques, Sébastien Lecornu, ancien sénateur, a entamé très rapidement les consultations, pour constituer un gouvernement de circonstance, qui serait la méthode choisie pour éviter une nouvelle motion de censure. Emmanuel Macron a dicté comme ligne directrice au nouveau Premier ministre : « défendre l’indépendance et la puissance du pays, servir les Français et assurer la stabilité politique et institutionnelle ».

Néanmoins, les différentes oppositions politiques restent sceptiques et doutent de la capacité du nouvel exécutif à désamorcer les tensions à l’Assemblée nationale et à faire adopter un budget français. Dans cette atmosphère délétère, d’importantes questions méritent d’être posées. La première étant :  qu’est-ce qui plonge la France dans la crise budgétaire, ces dernières années ? Et aussi, les difficultés gouvernementales mises en lumière ne feront-elles pas le lit de l’extrême droite française et avec quelles conséquences ?

Joindre les deux bouts

La mission du nouveau Premier ministre est de parvenir à coaliser les partis du centre, le président de la République ayant fermé la porte au Parti socialiste et le Front national (extrême droite) étant tenu à distance, tout comme l’extrême gauche. Mais il faut comprendre qu’un budget est calculé en recettes et dépenses. Il repose donc sur le dynamisme de l’économie et sert à assurer la dynamique de cette dernière. La crise actuelle, marquée par la flambée des prix, montre que la France, dans un langage trivial, ne parvient plus à joindre les deux bouts, pour assurer son équilibre budgétaire. La solution envisagée, sous Bayrou, reposant sur des coupes sombres, n’a pas convaincu les parlementaires. Ces derniers estimant que les Français en pâtiraient durement, notamment les couches les plus vulnérables.

Face au marasme que cette situation provoque, les Français auront tendance à se replier sur eux-mêmes et à radicaliser leurs positions, en misant sur l’exclusion de ceux qui seraient-là pour leur « arracher leurs emplois », pour leur arracher le pain de la bouche. Le gouvernement sera, de ce fait, de plus en plus sous pression et dans l’obligation de se trouver des décharges, avec l’accentuation des expulsions et la réduction drastique des aides au développement.

Au bout du compte, dans la trajectoire qui se dessine, l’exécutif français risque d’emprunter, dans les mois à venir, le même cheminement que Donald Trump, en misant sur une politique protectionniste, sans véritablement analyser les causes profondes de l’effondrement progressif de son économie. Cette ligne accentuerait le sentiment antifrançais en Afrique et dans le monde, réduisant ou limitant, du même coup, le potentiel que la France tire de ses investissements extérieurs.

La crise parlementaire ou institutionnelle que traverse la France, justifiant que le président Macron ait changé cinq fois de Premiers ministres en deux ans, résulte, on en convient, de l’essoufflement d’un modèle économique dont les piliers s’effondrent depuis quelques décennies.

Déclin

En effet, la puissance économique française avait reposé, pendant longtemps, sur les retombées de ses compagnies installées dans le Tiers-monde, principalement en Afrique. Elle était ainsi la grande bénéficiaire des politiques rentières développées. Mais le réveil économique de la plupart des nations est en train de redistribuer les cartes. Le commerce triangulaire, qui faisait des ports français, le passage obligé des produits importés, à destination d’Afrique francophone, a décliné, sous la pression de l’organisation mondiale du Commerce (OMC) et de la coopération tous azimuts, sur le principe gagnant-gagnant.

L’impact économique de cette révision des politiques est énorme, surtout pour des pays qui ne s’y étaient pas préparés. On a ainsi vu les lobbies français abandonner assez facilement des bastions entiers des pôles productifs, n’étant pas suffisamment solides, pour faire face à la concurrence des syro-libanais, des chinois et même des groupes d’intérêts maghrébins, qui ont investi le commerce général, les secteurs de la transformation et les banques. Seul principal outil de coopération restant, l’agence Française de Développement, malheureusement faible, en termes d’impact, pour engranger d’importantes subsides à l’économie française.

Bref, faute d’agressivité et du fait de sa raideur, l’économie française pourrait ne pas retrouver, de sitôt son rayonnement. Après les gilets jaunes, sous le premier septennat de Macron, le Mouvement « Bloquons tout » exaspère les autorités actuelles. Mais rappelons-nous que les choses n’ont pas été aisées, non plus, sur le front social, pour les prédécesseurs de Macron, dont François Hollande et Nicolas Sarkozy. Que doit faire la France pour sortir de cette crise, qui n’est pas conjoncturelle, mais plutôt structurelle ? Telle est la question.

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